Ils se sentent de plus en plus concernés par le changement climatique et les problématiques sociétales en cours : loin de rester inactifs, les jeunes sortent leurs caméras, prennent la plume ou le micro pour documenter ses impacts. Avec leur vision neuve, parfois inattendue, des reportages de qualité voient le jour dans le cadre du programme Jeunes Reporters pour l’environnement soutenu par l’ADEME qui fête ses 30 ans cette année. La remise des prix, qui a eu lieu le 5 juin, était donc placée sous le signe de la célébration. Tour d’horizon.
Partager
Il était une fois… la couche d’ozone
En 1985, des scientifiques découvrent l’existence de la couche d’ozone. 7 ans plus tard, Philippe Saugier décide alors d’organiser des missions avec des jeunes, près des bases scientifiques d’études du trou de la couche d’ozone, situé autour de l’Antarctique : le « Projet Ozone » est né. Très vite, cette logique de jeunes qui informent sur les enjeux environnementaux s’installe, des enseignants européens se joignent à la dynamique, de grands séminaires sont organisés et la Commission européenne en fait un véritable projet européen. En 1994, le programme Jeunes Reporters pour l’Environnement (JRE) est officiellement lancé au Luxembourg. Depuis, il s’est développé dans 43 pays partout dans le monde ! Les JRE sont arrivés en France sous l’impulsion de l’association Teragir, qui œuvre depuis 40 ans pour l’éducation au développement durable.
Pourquoi c’est important ?
« L’environnement n’est pas un sujet comme les autres parce qu’il est transversal à plein d’enjeux » explique Florence Josset, responsable du programme Jeunes reporters pour l’Environnement à Teragir. « Pendant des années, l’écueil de la presse a été de le traiter comme une rubrique à part. Aujourd’hui, des titres de presse indépendants émergent pour traiter les enjeux environnementaux à l’intersection avec les enjeux sociaux et économiques. » Une vision systémique que l’on retrouve aussi dans les objectifs de développement durable de l’ONU… et dans les reportages des jeunes. « Beaucoup de jeunes reporters choisissent de traiter les sujets environnementaux avec cette transversalité. Cette année, un reportage a été réalisé sur les maraudes du SAMU social pour venir en aide aux sans-abris pendant les épisodes climatiques extrêmes » précise Florent Josset.
Les jeunes voient les choses en grand
Cette année, le jury a reçu 110 reportages. Parmi les thématiques phares ? « La biodiversité, ainsi que la gestion des déchets, avec des regards originaux sur ces sujets » indique Florence Josset. Et ce n’est pas tout : avec la multiplication des canicules, de nombreux jeunes se sont aussi intéressés à la question de la gestion de l’eau. « On voit aussi que les enjeux sociaux font une percée, avec des reportages sur la question de l’égalité des chances à l’école, la lutte contre les discriminations de genre… » précise Florent Josset. « La question de la pollution sonore maritime et son impact sur la biodiversité a aussi fait l’objet de reportages par le passé et cette année on a même reçu un sujet évoquant le dialogue entre les écologistes et les chasseurs ! ». Cette vision holistique du développement durable est un marqueur fort de la jeunesse.
La parole est aux lauréats !
« Ce travail nous a permis de prendre conscience de la gravité de la situation » explique Himasha, 17 ans. Son groupe est celui qui a réalisé le podcast sur les effets du changement climatique sur les sans-abris. « Le format podcast nous a semblé le plus adapté et nous voulions avoir des témoignages de vive voix » ajoute-t-elle. Pour Gaïa, 16 ans, le concours JRE permet de travailler des compétences clés comme « la recherche d’informations, la prise de parole en public, les outils numériques ou encore l’argumentation ». Ce qui l’a marquée pendant le reportage ? « Les températures excessives ont un effet décuplé sur les personnes en situation de précarité ».
Pour Fanny et Clara, 22 et 23 ans, « il est urgent de traiter des questions environnementales dans les médias ». Les deux étudiantes en journalisme ont donc choisi de rédiger un article sur les « forêts sanctuaires » dans le cadre du concours JRE. « Nous sommes tombées un peu par hasard sur la thématique des forêts sanctuaires, qui existaient déjà en Allemagne. Nous avons trouvé le sujet original, bien que délicat à traiter. En abordant la mort d’une autre manière, il permettait aussi de montrer que l’écologie ne peut se passer de changements importants de paradigmes, à travers notamment une autre philosophie du vivant et de la mort ». Le concours JRE leur a aussi permis de « comprendre qu’il est plus compliqué de parler d’environnement sans se rendre compte directement de la réalité sur place ».
JRE, comment ça fonctionne ?
C’est l’unique programme de l’association Teragir qui s’adresse directement aux jeunes. Répartis en plusieurs catégories d’âges : 11-14 ans, 15-18 ans et 19-25 ans, leurs reportages peuvent prendre la forme de vidéos, podcasts, articles…
Différents outils d’accompagnement sont disponibles sur le site pour guider la création. Les jeunes participent seuls ou en groupes, avec ou sans la médiation d’un adulte (enseignant ou autre). Les inscriptions au concours sont ouvertes toute l’année, la remise des projets a lieu le 15 mars et le jury rend son verdict en juin, lors d’une cérémonie de remise des prix.